Le nom Yoga Bhoga n’est pas le fruit du hasard. Explications…
Dans le Yoga sūtra de Patañjali, texte de référence du yoga, le mot bhoga apparaît dans le sūtra II 13, qui affirme que ce qui nous fait évoluer (et à l’inverse régresser !) est en nous.
Qu’est-ce qu’un sūtra ?
C’est un « aphorisme », une sorte de maxime, une proposition concise qui formule une vérité pratique couramment reçue. Tout le texte de Patañjali s’énonce sous la forme d’énoncés brefs et denses, qui non seulement facilitent la mémorisation et l’apprentissage, mais délivrent aussi un sens, lequel doit être éclairé par un enseignement et une expérience. Le texte compte 195 aphorismes, tels des perles (c’est aussi le sens du mot sūtra) reliées entre elles par un fil directeur, le fil du Yoga.
Et tels des diamants, ces sūtra reflètent plusieurs facettes et réfléchissent un sens riche et précieux pour le chercheur spirituel.
Que signifie bhoga ?
Dans ce texte, le mot bhoga a plusieurs significations, qui varient selon les contextes.
Dans le sūtra II 13, il signifie les expériences elles-mêmes. Le terme vient d’une racine (bhuj) qui indique le fait d’avaler et de digérer, et signifie aussi bien « nourrir » que « réjouir » – il s’agit donc du « goût » d’une expérience pour la personne qui la vit et comment cette expérience est assimilée (voir aussi ce qu’en dit Martyn Neal, revue Aperçus n°24, printemps 2017). Certes, les expériences ne sont pas toutes heureuses, loin s’en faut, mais la vie est un champ obligé d’expériences et chacune d’elles peut nous apporter des fruits de sagesse.
Choisir ce terme pour nommer l’association Yoga Bhoga, c’est mettre l’accent sur la dimension expérientielle du yoga, la pratique personnelle, quel qu’en soit le domaine (postures, respirations, méditations, etc.), et l’expérience qu’on peut y « goûter ». C’est aussi mettre en avant son propre « vécu », pas celui que l’on vit par procuration, mais celui que l’on expérimente dans le « vif de l’expérience » individuelle.
Il n’y a pas à dire : il faut se mettre sur le tapis pour toucher la dimension d’expérience vécue du yoga. Bhoga,c’est aussi et enfin le fruit d’une action, non un bénéfice égoïste, mais une « récompense » qui nous élève. Corps et âme s’impliquent alors, et peut s’ouvrir l’expérience du lien où « l’esprit prend corps et le corps retrouve l’esprit » (devise de l’École Française de Yoga).
Quelle est ma démarche ?
Je cherche autant à transmettre un enseignement dans le respect d’une tradition qui a fait ses preuves qu’à permettre à chaque pratiquant de vivre une expérience de qualité sur le tapis, qui lui ouvre un chemin de connaissance et d’évolution intérieure. C’est un défi pour tout enseignant de yoga, car comment transmettre aux autres une expérience, « cette expérience incommunicable du corps vivant » (Philippe Filliot, Un yoga occidental) ?
En enseignant le yoga dans le respect de la personne, de sa situation, de ses relations, de sa morphologie, de son lieu d’habitation, de ses conditions de vie, de ses attentes et aspirations, la démarche viniyoga permet d’adapter le yoga, de l’ajuster et d’écouter les besoins et les attentes. Pour citer encore Philippe Filliot, « l’enseignement du yoga est sans cesse à réactiver dans notre présent » ! Il s’agit donc de favoriser l’expérience personnelle et unique du pratiquant.
Un fil conducteur : créer de l’ouverture
Les besoins, attentes et aspirations de chacun vis-à-vis du yoga sont divers et tous aussi respectables. Le fil conducteur de mon enseignement est d’abord d’accueillir chacun et chacune dans sa singularité, et de permettre de créer de l’ouverture, une compréhension élargie et une grande réceptivité au mouvement de la vie :
- Un corps ouvert et délié où intérieur et extérieur communiquent : par les postures et leur intégration dans des séances cohérentes et progressives.
- Un souffle ouvert et libre, auquel le pratiquant peut accéder : par la respiration consciente, l’attention constante au souffle.
- Un esprit et un cœur ouverts et réceptifs : par la qualité de l’attention, de l’écoute et de la perception.